Texte Obligatoire #2 - Séquence 2

Texte obligatoire n°7 : « Chapitre troisième, Le Chien et le Cheval », Zadig de Voltaire

[Présentation Voltaire et Zadig]
Cet extrait amorce la réflexion du protagoniste sur la singularité de la destinée. Ce chapitre est en rupture avec les autres car il est indépendant, mais il a beaucoup de liens avec le reste du conte.

Comment ce passage est-il à la fois une pause dans le déroulement du conte et en même temps un chapitre d'un type original non dépourvu de porté philosophique ?

Nous verrons tout d'abord en quoi nous avons à faire à un récit indépendant, mais rattaché au reste du conte puis nous étudierons la coexistence de deux formes de raisonnement philosophie et enquête policière.

I. Un récit indépendant mais rattaché au projet d'ensemble du conte
1. Une entité cohérente...

Ce récit est un récit indépendant qui possède son propre schéma narratif :
Situation initiale : Zadig se place à l'écart du monde et de la société ; élément perturbateur : perte du chien et du cheval royaux et arrivée des personnages de la cour ; péripéties : Zadig est interrogé, condamné, innocenté, puis à nouveau condamné ; situation finale : désenchantement de Zadig. On retrouve également des effet de parallélisme tout au long de l'action : le chien et le cheval ; les deux condamnations de Zadig. Deux situations contraires qui aboutissent au même résultat pour Zadig. Le récit est rythmé par des scansions, mais il reste cohérent. À la fin du chapitre, il y a des marques conclusives qui ont une valeur de bilan : utilisation de l'impersonnel et du présent gnomique (présent de vérité générale). Ceci renforce l'effet de généralisation.

2. ...mais des liens forts avec l'ensemble du conte

A début du chapitre on trouve des liens avec l'épisode qui le précède : évocation d'Azora, échec du mariage de Zadig, rappel de la mésaventure du nez. Ceci donne un lien avec le projet d'ensemble du conte : réfléchir sur la destinée. Les divers épisodes qui s'enchaînent montres les aléas de la vie et de la destiné avec des hauts et des bas. Ce chapitre est important dans l'ensemble du conte car il y a une progression de l'éducation de Zadig. De plus Zadig, systématiquement, tire une leçon de ses expériences. Le dynamisme du conte repose sur le vas et biens entre expérience et réflexion sur ces expériences (du premier § au dernier §)



On a des liens entre cet épisode et le reste du conte, même si la structure close et cohérente permet de suffire à lui-même. Mais ce chapitre est bien intégré dans le conte par sa porté philosophique que nous allons étudier maintenant.


II. Deux formes de raisonnement : entre philosophie et enquête policière
1. Une dimension philosophique

Zadig est le modèle même du philosophe des lumière, le terme 'philosophe' est employé dans le texte (l.6). Il observe, tout d'abord, la nature et tire ses connaissances des expériences. Il applique la péthode empirique (méthode basée sur l'expérience et qui impose de vérifier les résultats) : « J'en ai fait l'essai ». Même si Zadig s'est retiré loin des hommes, il reste un homme social et sociable. Derrière l'exotisme de l'extrait se cache une critique de la société française, une critique de la Justice « étoile de justice, abîmes de science […] et beaucoup d'affinités avec l'or ! ». Même si l'apostrophe paraît laudative, elle critique le système judiciaire complexe qui fonctionne mal et qui repose sur des frais très couteux. La Justice condamne mal, est absurde et condamne deux fois pour deux faits différents avec la même peine. On trouve également une critique des savants de l'époque de Voltaire qui font des expériences fantaisistes (exemples). Il y a différents indices qui indiquent comment décrypter derrière le conte le côté philosophie : l'ironie à interpréter ; les failles de l'Orient (Babylone, mais envoyé en Sibérie).

2. Une enquête policière

Dans cette enquête, Zadig est à la fois : suspect, témoin et détective. On retrouve la structure du roman policier anachronique : l'aventure commence avec un mystère, la double disparition ; on arrête ensuite un suspect, Zadig ; pour s'innocenter, l'accusé va se révéler être un détective ; on retrouve un discours type des romans policiers, il retrace son raisonnement ; on trouve également beaucoup de verbe appartenant à l'univers de l'enquête policière « vu ; jugé ; remarqué ; compris; connu que... » et beaucoup de connecteurs logiques « puisque ; comme... » ce qui montre que le récit est très construit ; Zadig multiplie les phrases longues avec des subordonnées hypotonie (différent de parataxe : phrase courtes). Le raisonnement se fait en plusieurs étapes : captatio benevolientae : l'exorde ; l'introduction : cadre en rapprochant les disparition ; il revient ensuite dans un paragraphe séparé pour retracer le raisonnement et les observations pour arriver à ce résultats ; petite conclusion.



En conclusion, on peut voir qu'avec ce chapitre Voltaire semble faire une parenthèse mais il se situe au cœur du conte philosophique. Zadig y apparaît comme un modèle de philosophie éclairée, et l'enquête applique, elle aussi, la méthode expérimentale propre aux Lumières. Ce chapitre est donc en lien étroit avec la chaîne narrative du conte. On peut se demander si Zadig qui vient d'expérimenter l'échec de sa retraite va décider de retourner parmi le monde.