Le dénouement est un moment crucial d'une pièce de théâtre puisque conformément aux règles du théâtre classique, on attends la résolution du sort de tous les personnages. Dans la pièce d'Antigone, le dénouement se tient tout prêt de la fin, fait suite à un coup de théâtre et repose quasi-exclusivement sous forme de récit théâtral. On peut penser que les attentes du dénouements sont respectées mais on peut dire que ce récit est original car il est relié par plusieurs instances.
Nous pourrons nous demander en quoi ce dénouement est, ou non, conforme avec les attention du théâtre classique. Pour cela, nous verrons dans un premier temps les modalités du récit puis nous nous demanderons en quoi consiste les effet de décalage par rapport aux attentes.
I. Les modalités du récit
1. Un récit à plusieurs voix, à plusieurs destinatairesLe messager conclu un effet de boucle (son intervention est prévue depuis le début de la pièce dans le discours du chœur). Son récit est adressé de manière ambigüe, normalement à la Reine mais le Chœur le reçoit (en plus du public). On peut observer un décalage temporel du récit puisque le messager raconte la mort d'Hémon au présent. Cette hypotypose nous donne l'impression que la scène est en train de se dérouler.
Créon semble résigné, apaisé.
L'action a progressé beaucoup plus vite que le récit.
Ambiguïté : Le Chœur demande la Reine puis raconte la mort de cette dernière. Le Choeur préserve la surprise. Créon doit l'apprendre en même temps que le public.
Nous sommes en présence d'un récit Polyphonique (de plusieurs narrateurs). Chacun devient tour à tour narrateur et destinataire. Cela contribue à créer un suspense.
2. Une dimension très visuelleLa spécificité du récit au théâtre est d'être un substitut de l'action : il se doit d'être visuel pour représenter les choses.
Hypotypose dans le récit du messager avec l'emploi du présent qui donne une dimension plus vivante ainsi que le discours direct qui confère des sensation cognitives. On a une mise en abime du regard « On voit ses cheveux blancs dans l'ombre » ; « Hémon le regarde » ; « Créon ne peut pas éviter ce regard ». Ceci ralentit l'action et entretient le suspense. On a une série d'impression de couleur « flaque rouge » ; « fils rouges, fils verts, fils bleus de la ceinture ».
On retrouve la même description du détail dans le discours du Chœur « Sa chambre à l'odeur de lavande, aux petit napperons brodés » ; « large tâche rouge sur les linges autours de son corps ». Il y a une certaine pudeur dans ces récits qui conserve la vraisemblance en omettant les détails gratuitement sanglants.
Le dénouement se fait donc à travers un récit polyphonique qui règle le sort de tous les personnages selon la bienséance. Pourtant, certains éléments produisent des effets de décalage et de surprise.