Séquence 5, texte obligatoire 3
Bel-Ami, chapitre 3, p.63 à 66
« Quand Georges Duroy… il se sentait vide, incapable, inutile, condamné »
Mise en abîme de la création littéraire
-Présentation de Bel-Ami et Maupassant
-Cet extrait est le début du chapitre 3 et il est construit en contrepoint avec le chapitre 2, selon une véritable structure disphorique, puisqu’on a dans les 2 cas une montée d’escalier mais complètement opposée. Le chapitre 2 se termine par une note euphorique, il y a l’impression d’un véritable triomphe et le début du chapitre fonctionne comme un retour à la réalité comme le souligne le « mais » dans la 2e phrase du passage.
Nous nous demanderons en quoi nous avons un passage bien structuré qui fonctionne comme un retour à la réalité ?
Pour cela nous verrons dans un 1er temps que nous sommes face à une description naturaliste, puis nous envisagerons ce texte comme une mise en abyme du processus de création littéraire.
I. Un passage de description naturaliste
1) Un texte bien structuré
-Dans la structure, rétrécissement progressif de l’espace qui permet d’affiner la description de l’environnement du héros : la rue (espace vaste) => boulevard extérieur jusqu’à rue Boureau (plus précis) => maison (nouveau rétrécissement) et enfin « chambre du jeune homme ».
ð structure en entonnoir
Plus il s’éloigne de la rue, plus il est rattrapé par sa misère.
-entonnoir : métaphore de l’enfermement dans la condition sociale.
-2e élément de structure : va et vient au niveau du regard de Duroy.
Ses pensées et son regard vagabondent du travail à la pauvreté.
2) Un texte naturaliste su l’influence du milieu sur les êtres
-naturaliste établit un bien de cause à effet entre les lieux et les individus et accorde bcp d’importance à la classe ouvrière en plein essor au XIX siècle.
-Duroy ne cherche qu’une seule chose : rejeter la classe sociale à laquelle il appartient et qui est symbolisé par l’immeuble.
Chez Maupassant, misère et saleté va ensemble.
ð champ lexical de la saleté et du dégoût
- « odeur stagnante… bas » p. 63
- « odeur d’humanité »
Misère apparaît comme une fatalité
ð empreinte qui reste dans le lit « sur son petit lit de fer son corps avait laissé un creux ».
-Empreinte a une fatalité tragique sur les êtres.
-Misère déteint sur le vice moral « cela sentait la misère honteuse »
La misère stigmatise les êtres, elle leur donne des empreintes dont ils ne peuvent plus se défaire.
-note de la blanchisseuse : apparaît comme un effet de réel => lui rappelle ses dettes.
« C’était fini ; tout était fini, il ne ferait rien, il ne serait rien » => paronomases => rapprochement entre faire et être : au XIXe siècle, si on ne fait rien, on est rien.
-gradation « il se sentait vide, incapable, inutile, condamné ».
Pour sorti de cette misère, Duroy voit dans la création une porte qui s’ouvre. On va assister donc à une véritable mise en abyme du travail d’écrivain.
II. Une mise en abyme de la création littéraire
1) Une image de la phobie de la page blanche
-dans un roman, c’est toujours très significatif une mise en abyme de la création littéraire.
-mise au travail très longue : « il se décida à rentrer tout de suite pour se mettre au travail », « il se dit « allons au travail ! » », « il décida à remettre au lendemain… ».
-Pas l’inspiration qui pose problème mais la mise à l’écrit.
p.64 : « il ne trouvait plus rien maintenant de ce qu’il avait raconté tout à l’heure, pas une anecdote, pas un fait, rien » => répétition de « rien ».
« il ne trouvait plus un mot pour exprimer ce qu’il avait vu » p. 65 => un peu une prétérition car le narrateur raconte quand même, il relaye le héros.
« il les aurait dites, peut-être, mais il ne pouvait pas les formuler avec des mots écrits » p. 66.
2) L’illusion brisée
-Impossibilité créatrice brise les ambitions de Duroy et provoque un sentiment d’impuissance.
-Impuissance peut-être lié au fait qu’il est tellement pressé de s’en sortir qu’il n’y arrive pas.
-chemins de fer qui symbolisent l’évasion mais à chaque fois il est ramené à la réalité.
-dédoublement de la figure d’écrivain.
Duroy fonctionne comme un double de l’auteur, mais un double empêché. Elle illustre également le mouvement naturaliste.
On peut se demander si ce texte n’est pas l’illustration de angoisses de tout auteur face à la question de l’inspiration.
Duroy va à nouveau écrire sous la direction de Madeleine Forestier ce qui représente une 2e scène d’inspiration.