Texte Obligatoire #1 - Séquence 2

Texte
obligatoire n°6 :
«Chapitre second, Le Nez », Zadig de Voltaire

[PrésentationVoltaire et Zadig]

Cetextrait est tiré du deuxième chapitre « Le Nez »étroitement lié au chapitre précédent « Le Borgne » puisqueZadig y a déjà subit une déception amoureuse face à l'inconstancedes femmes. Il va tenter de mettre à l'épreuve la fidélité de sanouvelle épouse Azora. Cela va être pour lui l'occasion dedémontrer qu'avant de critiquer les autres il faut s'observersoit-même.

Enquoi la progression du récit qui s'apparente fort à une fablepermet-elle à Voltaire de concilier dimension comique et porté didactique ?




Pour cela nous verrons tout d'abord en quoi nous avons ici la vivacité d'un récit de conte, puis nous nous demanderons comment Voltaire concilie désir d'instruire et de plaire.
I.La vivacité d'un récit de conte
1. La progression du récit


Ce texte comporte beaucoup d'indices temporels qui donnent de la vivacité au récit : « un jour » qui montre que c'est un épisode particulier ; « le lendemain » ; « au milieu du souper » qui montrent la vitesse à laquelle elle change. On retrouve également des ellipses : « Ayant passé deux jours chez une de ses amies à la campagne ». Le temps dominant de ce passage est le passé simple qui nous montre que le récit est riche en action (exemples?).

Le récit de la veuve Cosrou est une mise en abîme du chapitre en entier : image concentré de ce qui va se passer dans l'ensemble du chapitre. Le revirement rapide de la femme, dans les deux cas rappelle le chapitre premier. Nous trouvons dans ce texte une structure circulaire : la dernière ligne reprend le premier paragraphe et est un parallèle dans l'indignation de Zadig comme l'avait fait Azora. Enfin, ce récit s'apparente fort à une fable (morale = dernière phrase ).

2.Un récit dynamique

La construction circulaire n'est pas un signe que le récit ne progresse pas puisque la répétition souligne la variation. Azora apparaît loyale au début et est démasquée à la fin. Zadig comprend peut à peu qu'il se trompe sur la fidélité des femmes. La répétition souligne l'inconstance des femmes. Une grande place de ce texte est accordée au dialogue, il y a des emplois variable du discours directe et indirect. La mort de Zadig au discours indirect, nous est annoncée d'un ton neutre et détaché, ce qui supprime le côté pathétique. Le discours direct est employé au moment du dîner ce qui permet de changer le rythme et de rendre le récit plus dynamique à ce moment.


Voltaire, dans cet extrait, utilise toutes les ressources du texte narratif, ce qui permet de donner de la vivacité et du dynamisme à son récit. Toutefois, le conte philosophique a deux objectifs : plaire mais aussi instruire.

II.Instruire et plaire
1.La dimension comique


Le principal moteur comique de cette scène, est l'effet de surprise. On retrouve des effets de chute : « Elle faisait détourner le ruisseau » ; « Le projet de me couper le nez, vaut bien celui de détourner un ruisseau ». On peut également souligner le comique de caractère présent dans ce texte qui contraste entre la douleur d'Azora « pleura, s'arracha les cheveux, jura de mourir » et l'indignation de la veuve Cosrou « si violent et si longue » (répétition du 'si' qui marque l'insistance). On peut également constater la présence du comique de situation à la fin du passage lorsqu'Azora veut couper le nez de son mari qu'elle croit mort ; mais aussi le comique de langage, par exemple avec la phrase au rythme ternaire : « la femme pleura, se fâcha; s'adoucit ».

2.Un récit didactique

Ce texte est un récit didactique car il s'apparente à une fable (morale présente à la fin du passage). Les cibles de la critique sont l'inconstance et l'hypocrisie des femmes. Azora cache sa conduite immorale derrière de fausse justification (Ange Azraël). IL y a une critique de la femme vénale lorsque Azora change d'attitude envers Cador alors qu'il a hérité de la fortune de Zadig. On trouve aussi le thème de la femme castratrice avec le symbole du nez phallique : couper le nez est équivalent symbolique de la castration. On retrouve également une critique de la médecine avec l'emploi des remèdes farfelues de l'époque (remèdes de sieur Arnou). Enfin, il y a une satire de l'amitié : « s'assura de sa fidélité par un présent considérable ». Zadig va évoluer et renoncer aux femmes.


En conclusion, ce chapitre montre bien le fonctionnement du conte philosophique. Il réunit toutes les ressources de l'écriture du conte : vivacité, dynamisme, plaisir de la narration et il les concilie avec une dimension didactique et morale ainsi qu'une dimension comique. D'un point de vue dynamique, cet épisode est une charnière puisqu'il annonce l'évolution psychologique de Zadig : sa désillusion avers les femmes et envers la société humaine. N'a-t-on donc pas, dès ce deuxième chapitre, une illustration parfaite de l'efficacité du conte philosophique?