Texte obligatoire n°8 : « Chapitre huitième, La Jalousie », Zadig de Voltaire [Présentation V & Z]
Ce chapitre peut être qualifié de rupture avec le chapitre précédent. Dans le chapitre sept, Zadig semble être arrivé à la stabilité et au bonheur, mais Voltaire, pour illustrer la destinée, lui fait subir à nouveau des revers de fortune (espoir roue de la fortune, MÂ). Le chapitre huit, raconte la naissance de l'amour et les conséquences de la jalousie. Les sentiments jouent un rôle important dans cet extrait. Pourtant, à certains indices, Voltaire se démarque des romans sentimentaux.
Comment ce chapitre est-il à la fois un rebondissement de l'action doté d'une signification philosophique et en même temps une parodie du roman sentimental en vogue à l'époque ? Nous verrons dans un premier temps un nouveau rebondissement décisif, puis nous nous attarderons sur le fait que ce passage est une parodie du romanesque sentimental, pour enfin déboucher sur les leçons à en tirer.
I. Un nouveau rebondissement décisif
1. Une structure de renversement La première phrase est en lien avec le chapitre sept et c'est une antithèse ce qui montre la structure de renversement : « malheur » (chp.7) / « bonheur » (chp.
. Le premier et le dernier paragraphe sont en contradiction avec des champs lexicaux opposés. Premier § : amour naissant, bonheur, plaisir / dernier § : douleur, mort, connotations négatives. On assiste donc à un retournement dans ce chapitre.
2. Un passage à forte intensité dramatique On trouve, au niveau de la progression du temps, une tension croissante avec l'amour mis en parallèle avec la jalousie. Les temps verbaux utilisés sont : l'imparfait, au début qui décrit des actions lentes ; le passé simple, ensuite qui provoque une accélération du récit « frémit » (l.57) ; le présent de narration (l.98) : parataxe pour créer une accélération (succession de phrases brèves et simples) ce qui donne une impression de course contre la montre. L'emploi du discours direct permet de rendre la scène plus vivante. Le nain muet renforce le suspens. Certains adjectifs qualificatifs dramatisent la scène : « terrible ; horrible ; impitoyable ».
La jalousie provoque donc un renversement complet de la situation, mais nous pouvons voir que si les sentiments sont un moteur de l'action, ils sont aussi parodiés.
II. Une parodie du romanesque sentimental
1. Le rôle des sentiments dans la progression du récit La passion amoureuse progresse au court du récit. Elle est, au début, une force qui s'insinue à l'insu du héros « une impression dont elle ne s'aperçut pas d'abord » (l.6-7) ; « un feu dont-il s'étonna » (l.). Puis vient l'appel à l'aide à Cador. À aucun moment la passion n'est condamné, elle reste toujours innocente. On assiste en parallèle à une progression de la jalousie. Il y a d'une part la jalousie amoureuse de Moabdar « troublé » ; « soupçons » ; « certitudes ». Et d'autre par la jalousie de l'envie : « envieux et envieuse », déclencheur de la catastrophe, envoie de la jarretière. Face à cette passion Astarté ne lutte pas, et les deux amoureux ont des points de vue différents. Zadig lui, veut lutter en philosophe, dilemme tragique amour/moral + l 59.
2. La dimension parodique On retrouve dans ce texte des métaphores stéréotypées de l'amour courtois : la flèche (coup de foudre) (l.12) ; la flamme qui consume (l.34-35) ; le combat (ici contre l'amour) (l.21). Il y a également des hyperboles et des exagérations qui renforcent la dimension parodique « égaré...porté » (l.36) ; « yeux chargés du voile de la douleur » ; « prêt à rendre l'âme » (dernier §). Enfin, on retrouve également les personnages stéréotypés du conte : l'Envieux et l'Envieuse ; le Nain muet ; le Mari jaloux.
Les sentiments sont importants, mais soumis à une parodie. On peut se demander quelle leçon Voltaire veut nous faire retenir.
III. Des leçons à tirer
1. Une dénonciation de l'injustice Zadig et Astarté ont toutes les qualités morales : ils luttent contre leur amour, mais vont tout perdre, « la plus belle et plus innocente va mourir » (l.127). Cador lui incarne l'immoralité et l'injustice : pour lui, vaut mieux avoir l'air innocent tout en étant coupable. Seules les apparences comptent dans cette société. C'est une peinture et une critique de la cour : les plus jaloux et méchants triomphent.
2. Une leçon pessimiste- Les vertues ne sont pas récompensées ;
- La destinées est aléatoire avec beaucoup de hauts et de bas : antithèse (l.29-31) ;
- La fin ouverte est une lueur d'espoir : « continuait son voyage vers l'Egypte ».
En conclusion, ce chapitre est riche en rebondissements puisqu'il y a un revirement brusque de la situation de Zadig qui passe du bonheur parfait au désespoir. Cependant, on peur remarquer un ton discrètement parodique à l'égard du romanesque sentimental de l'époque. Ce rebondissement est aussi une réflexion sur la destinée et son injustice : le conte bascule vers un pessimisme. Pourtant, la fin ouverte nous laisse supposer que Zadig n'est pas au bout de son périple. La suite du conte va-t-elle continuer cette succession de hauts et de bas ou Zadig va-t-il trouver un équilibre?
Sujet: Texte Obligatoire #3 - Séquence 2 
