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 Texte Obligatoire #2 - Séquence 3

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Jo'




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MessageSujet: Texte Obligatoire #2 - Séquence 3   Texte Obligatoire #2 - Séquence 3 EmptyVen 19 Juin - 17:28

Texte obligatoire n°12 : « Le Chœur » (p.53 à 55), Antigone de Jean Anouilh

[Présentation Anouilh et Antigone]
Cet extrait constitue une interruption au sein de l'action dramatique juste avant l'affrontement cruciale entre Antigone et Créon qui forme le véritable nœud de l'action. Les gardes chargés de veiller le cadavre de Polynyce ont trouvé Antigone en train de braver les ordres de Créon. Il vient d'être averti par l'un de ses gardes et tente de sauver sa nièce en taisant l'affaire : « si personne ne sait, tu vivra ». Mais cette lueur d'espoir est totalement contre balancée par l'intervention du Chœur qui entre en scène à ce moment précis pour s'adresser aux spectateurs.

Nous allons étudier cette tirade en nous demandant qu'elle image de la tragédie nous offre ce passage métathéâtral?

Pour cela, nous verrons dans une première partie l'originalité de la définition des genres théâtraux, puis nous nous demanderons quel est le statut particulier de ce passage au sein de la pièce.

I. Une conception originale des genres théâtraux
1. Une approche paradoxale de la notion de fatalité


La fatalité est la notion clé du genre tragique donc le héros ne peut pas lutter. Elle est ici présentée par une métaphore filée de la machine « le ressort est bandé » ; « ça se déroule tout seul » ; « ça démarre » ; « c'est minutieux, bien huilé ». Il y a ici toute la progression de la machine, avec tout son fonctionnement. Les adjectifs « minutieux » et « bien huilé » ont une connotation positive, sous entendue une valorisation de la fatalité. On peut parler du paradoxe du texte qui valorise quelque chose de néfaste : la fatalité, « C'est cela qui est commode » ; « on est tranquilles » ; « c'est propre la tragédie, c'est reposant, c'est sûr ». On assiste à une présentation du point de vue des spectateurs qui ne sont pas en proie à l'inquiétude et au suspens puisqu'ils connaissent déjà la fin. « Et puis surtout c'est reposant la tragédie puisqu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir ». On remarque aussi que la fatalité atténue a responsabilité des héros qui sont innocents quelque soit leur crime : « On est tous innocent en somme, ce n'est pas parce qu'il y en a un qui tue et l'autre qui est tué ». La fatalité atténue la responsabilité du héros, et sans responsabilité il n'y a pas de culpabilité, d'où la notion d'innocence.

2. L'opposition drame/tragédie

Le critère distinctif, selon le Chœur, entre la tragédie et les autre genre, c'est le côté visible et sans surprise de la tragédie. Le défaut du drame est le genre hybride et ambiguë puisqu'il permet de faire cohabiter les registres tragique et comique. La présence de lueur d'espoir rend le drame insupportable « Dans le drame...cela devient insupportable de mourir comme un accident ». Cette image montre bien que tout n'est pas révu par rapport à la tragédie. Le drame donne des images prosaïques et anachroniques « Le bon jeune homme aurait peut-être pu arriver à temps avec les gendarmes ». L'évocation des gendarmes banalise le génie du drame. Le drame manque de noblesse, il est vulgaire. La répartition d'Aristote dans sa Poétique est retrouvée ici. La dernière différence est faite entre l'utilitaire et le gratuit. « C'est ignoble, c'est utilitaire. Là, c'est gratuit ». « Enfin ! » (p.55) est un soulagement paradoxal, le personnage est soulagé d'être comdamné car il n'a plus besoin de se battre. Il y a un double sens, dans ce texte, car à ce moment, comme annoncé dans les didascalies, Antigone arrive.


Ce passage nous offre donc une analyse originale et surprenante des genres théâtraux. Mais il a aussi un statut particulier puisqu'il a une portée métathéâtrale qui casse l'illusion théâtrale et qui cultive des décalages de toutes sortes.


II. Un passage au statut particulier
1. La fonction métathéâtrale et la rupture de l'illusion théâtrale


Ce passage nous offre une réflexion critique sur le théâtre au sein même de la pièce. On peut donc parler de mise en abîme puisqu'on a bien une réflexion sur le théâtre au ceint de la pièce elle-même. C'est ce qu'on appelle une dimension métathéâtrale. On peut noter dans cet extrait, le champ lexical du théâtre : « tragédie » ; « drame » ; « distribution ».Le Chœur prend partie, il s'implique dans la tragédie, cette reflexion est donc subjective. On peut relever la phrase « d'abord on est entre soi » ou encore l'exclamation « enfin ! » qui exprime le soulagement. La dimension métathéâtrale rompt l'illusion puisque le personnage du Chœur est à la fois dans la pièce et un peu en recul puisqu'il parle de la pièce. (Cela peut rappeler le Jardinier du « Le lamento du Jardinier » dans Electre de Jean Giraudoux.) Il nous invite à prendre de la distance puisqu'on nous dit que nous sommes au milieu d'une tragédie. On peut noter que le Chœur s'adresse directement au spectateur « Et voilà, c'est tout » ce qui peut faire penser au Chœur antique qui commentait l'action pour le public.

2.Les effets de rupture

On observe beaucoup d'effets de rupture et de décalage. Tout d'abord dans le registre de langage avec des expressions familières ce qui normalement n'est pas possible dans une tragédie : « Cela roule tout seul ; gueuler à pleine voix ; le petit coup de pouce », sont utilisées également des phrases disloquées « c'est cela... ». Il y a également des expressions familières en décalage. La métaphore des « terre-neuve » pour exprimer les personnages et l'expression « [prit] comme des rats ». On peut aussi remarquer des anachronisme : « un film dont le son s'est enrayé » d'autant plus en décalage car le muet est comparé aux dialogues de la pièce : « toutes ces bouches ouvertes dont-il ne sort rien ». Enfin, on peut remarquer qu'il y a un décalage dans les déclencheurs de l'engrenage tragique puisque la tragédie repose normalement sur des sujets graves : « un regard pendant une seconde à une fille qui passe et lève le bras dans la rue ».

En conclusion, cette tirade est située à un moment clé de l'action, elle cultive les effets de ruptures et occupe une place ambiguë puisqu'elle offre une réflexion théorique sur le genre tragique. Elle repose aussi sur de nombreux décalages de langages, des anachronismes et des effets de surprise. Le Chœur apparaît comme un personnage à la frontière entre la pièce et le public. L'illusion théâtrale est donc rompue dans cette scène tout comme dans le Prologue. On pourrait rapprocher cette scène au « Lamento du Jardinier » dans Electre de Jean Giraudoux., puisqu'on y retrouve le même désir de casser l'illusion théâtrale, la même abolition de la frontière entre la scène et la salle, ainsi qu'une réflexion sur le genre tragique.
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